La Chapelle Saint-Jean-de-Kergrist
A la sortie de Guingamp, sur le trajet de l′ancienne route royale de Paris à Brest, la chapelle Saint-Jean de Kergrist est un vénérable sanctuaire daté en partie de la fin du Moyen Age, (XIV-XV-XIXème siècle), autrefois en la trève de Saint-Michel, elle-même trêve de Plouisy.
Probablement fondé par les Templiers ou les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, mentionné pour la première fois en 1270 dans un acte relatant une donation faite en faveur du prieuré Saint-Sauveur à proximité du « grand chemin menant du gué Ynisan à Kergrist », le village de Kergrist était alors une possession de l′abbaye cistercienne de Bon-Repos en Saint-Gelven (Bretagne, Côtes-d′Armor).
Quant à la chapelle Saint-Jean, (capella Villa Cristi propre Guengampum) attestée pour la première fois en 1371 dans les actes du procès de canonisation du duc Charles de Blois, elle fut reconstruite au cours du XVème siècle, ainsi que le suggère l′analyse architecturale et stylistique de l′existant.
Le chevet et la longère sud de l'édifice actuel datent des dernières années du XVème siècle ou des toutes premières années du XVIème ; la longère nord et le pignon ouest du début du XIXème siècle.
Occupant un modeste enclos arboré dissimulé derrière quelques habitations dont la façade principale est construite à l′aplomb de la route principale, la chapelle Saint-Jean est un édifice de plan rectangulaire allongé et à vaisseau unique construit principalement en moellons de granite apparents. Flanquée d′une sacristie en appentis jouxtant le chœur au nord, elle présente en outre un mur-pignon ouest édifié en moellons équarris. Ouvert d′une porte centrale en plein-cintre chanfreinée, ce mur-pignon est animé par un clocher en maçonnerie à base rectangulaire portant deux baies jumelées recevant chacune une cloche sous un couronnement orné de deux volutes.
L′élévation nord est ouverte d′une porte en plein-cintre flanquée de deux fenêtres de même profil. Protégée par un larmier, cette porte est surmontée d′une niche abritant sous un linteau délardé en segment une statue polychrome de saint Jean-Baptiste, le patron de la chapelle. L′élévation sud, la plus ancienne avec le chevet et le mur de la sacristie qui le flanque, est, quant à elle, épaulée de trois contreforts massifs à ressaut probablement rapportés pour renforcer une maçonnerie éprouvée par le poids des âges.
Enfin, à l′est, la chapelle Saint-Jean de Kergrist possède un chevet plat épaulé de deux contreforts à ressaut, le contrefort gauche étant disposé sur l′angle. Ici, sous un pignon découvert à rampants à crossettes couronné d′une petite croix monolithe, le chevet est ajouré d′une maîtresse-vitre axiale en arc-brisé divisé par trois lancettes trilobées réunies sous un tympan évidé de deux quadrilobes, d′un ajour sommital et de quatre écoinçons. Cette maîtresse-vitre possède notamment des vitraux anciens classés au titre de la législation sur les monuments historiques le 20 juillet 1942. Ainsi, parmi les sept panneaux qui composent la verrière hétérogène, il est possible de distinguer une crucifixion à trois personnages du 2ème quart du XVème siècle – permettant d′affiner la datation de la chapelle – ainsi qu′un médaillon portant des armoiries du XVIème siècle, parti de la famille de Rohan et de la famille d′Avaugour .
Vendue comme bien national, la chapelle est rachetée par la fabrique à M. Desjars, banquier, le 19 juin 1827 (moyennant la somme de 800 fr), époque à laquelle elle est restaurée et accrue de 10 pieds vers l'ouest.
La chapelle abrite des statues anciennes de la Vierge, de Saint-Yves, de Saint-Jacques, de Saint-Eloi, de Saint-Antoine ermite et de Saint-Jean-Baptiste et d’anges porte-cierges. La fresque, située au-dessus de l'autel et qui évoque le martyre de saint Sébastien, date du XVème siècle.